Après son article Corregio ou les Amours mythiques, du 17 décembre 2020, Graziella BAIO LE CLAIR nous en propose un nouveau. En cette année où l’Italie commémore le septième centenaire de la disparition du grand poète Dante Alighieri (Florence 1265 - Ravenne 1321), notre amie vénitienne nous présente un texte autour de la mort du « sommo poeta » et ses monuments funéraires.
Il s’est parfois chargé de certaines ambassades politiques comme celle qu’il effectua à Venise pour intercéder auprès du Sénat de la Serenissime afin d'infléchir sa politique qui provoquait des attaques navales de Ravenne contre la flotte vénitienne.
Cette action fut un succès pour Ravenne, mais elle fut fatale au poète qui pendant son retour depuis la cité lagunaire, attrapa la malaria en passant par le site marécageux des vallées de Comacchio. Il est décédé, en exil, dans la nuit du 13 au 14 septembre 1321, à l'âge de 56 ans.
En 1483, le recteur et podestat, de la Sérénissime à Ravenna, Bernardo Bembo, père du cardinal Pietro Bembo, fit construire un monument funéraire pour accueillir la dépouille de Dante. Il en confia l’exécution au célèbre sculpteur Pietro Lombardo.
En 1780-81, le cardinal légat Luigi Valenti Gonzaga, représentant du pape en Romagne, modifia l’édifice : avec le concours de l’architecte Camillo Morigia. Il fit bâtir au-dessus de l’ancien tombeau du XVe siècle, une construction, en forme de temple néoclassique à plan carré, couronnée d’une petite coupole. Le mausolée est érigé contre le mur du cloître attenant à la Basilique Saint-François, au centre historique de Ravenne.
La façade très sobre comporte une porte surmontée du blason du cardinal Gonzaga, et sur l’architrave est inscrite la phrase en latin « Dantis Poetae Sepulcrum » (Tombeau du poète Dante).
L’intérieur, revêtu de marbre et de stucs, comprend un sarcophage d’époque romaine sur lequel est gravée une épitaphe en latin dont les deux derniers vers rappellent la condition d’exilé du poète :
Le sarcophage est surmonté d’un très beau bas-relief de 1483, œuvre de Pietro Lombardo qui représente Dante devant un pupitre, avec un air méditatif.
Au plafond brûle une lampe votive du XVIIIe siècle, alimentée en huile d’olive provenant des collines toscanes, et offerte chaque année, le deuxième dimanche de septembre, par la commune de Florence, pour commémorer la mort du poète.
Les ossements de Dante, recherchés par les Florentins, cachés par les moines franciscains de Ravenne, subirent de nombreuses vicissitudes. Florence essaya à plusieurs reprises de les récupérer, surtout sous les pontificats des deux papes Medicis Leon X et Clement VII, toujours sans succès.
Dans l’espoir que les reliques lui soient rendues, la commune de Florence fit réaliser en 1829 un grand cénotaphe dans la basilique Santa Croce. Dante est représenté assis, en haut du monument, pensif, la tête couverte et couronnée de lauriers. Sur le côté droit, la figure allégorique de la « Poésie », prostrée sur le sarcophage, pleure sur sa disparition. À gauche, « L’Italie » en Cybèle, désigne le poète.
Le cénotaphe de la basilique Santa Croce à Florence
Bon article que vient de nous envoyer notre amie vénitienne, Graziella. Elle fait surgir la figure crépusculaire de Dante, éternel errant entre deux villes. Florence qui l'exila sans pardon et Ravenne qui sut l'accueillir. En l'anniversaire de sa mort en 1321, l'Italie tout entière voudra sûrement honorer son génie par différentes manifestations culturelles. Le pourra-t-elle ? Internet et parutions en librairies seront-ils les seuls recours en cet état de pandémie ? Speriamo in bene.
RépondreSupprimerA propos de ces manifestations pour honorer Dante, la ville de Florence a demandé à Ravenna de lui "preter" provisoirement sa dépouille.
RépondreSupprimerReponse de Ravenna: "Giammai!"
Merci de nous signaler cette nouvelle concernant la dépouille de Dante. La réponse de Ravenne me semble cohérente bien que rancunière . Jamais !!!
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