La
Couronne de fer (Corona Ferrea) est une couronne-reliquaire,
conservée dans la cathédrale de Monza.
Elle
est constituée d'un large bandeau gemmé et émaillé, fixé sur un cercle de métal
blanc, réputé avoir été forgé dans le fer d'un des clous de la Passion du
Christ.
La légende hagiographique (récit de la vie des
saints) construite à l'époque moderne veut que la couronne soit d'origine
byzantine. Sainte Hélène, mère de Constantin, l'aurait fait forger à partir de
l'un des clous de la Passion du Christ,
après la découverte de la « Vraie Croix ».
L'empereur
s'en serait servi comme ornement de casque. Le pape Grégoire le Grand l'aurait
ensuite offert à la reine lombarde Théodelinde de Bavière en cadeau
diplomatique. La reine en aurait fait don à la cathédrale de Monza en 628. La
couronne aurait ensuite servi au couronnement des rois lombards. Charlemagne
s'en serait emparé lors de la prise du royaume lombard en 774, et l'aurait
portée pour son sacre. Elle aurait servi, depuis lors au couronnement des empereurs
germaniques comme rois d'Italie jusqu'au XVIe siècle. Le dernier empereur
germanique à l'avoir portée serait Charles Quint, à Bologne en février 1530.
Son histoire
Une
étude récente du laboratoire Antares a définitivement écarté l'origine
constantinienne de la couronne. La même étude a aussi montré que le cercle de
métal blanc était fait d'argent et
non de fer. L'hypothèse du don de la couronne par Grégoire le Grand n'est pas
non plus signalée par les sources du VIIe siècle.
La
première utilisation documentée de la couronne de fer lors d'un couronnement est
celle d'Henri VII à Milan en 1311 ou 1312, une cérémonie aux influences
françaises et romaines qui fut l'exemple le plus élaboré du rite de couronnement
milanais.
Lorsqu'il
convertit, à son profit, la république italienne en un royaume d’Italie, Napoléon
1er fit le voyage jusqu'à Milan pour y être couronné. Il reçut la
Couronne de fer le 26 mai 1805, lors de la cérémonie de couronnement, pendant laquelle
il prononça la célèbre phrase : « Dio me l'ha data, guai a chi la
tocca ! » (« Dieu me l'a donnée, gare à qui y
touchera ! »).
Les
Autrichiens firent de la Couronne de fer le symbole officiel du royaume,
figurant sur ses armes et ses monnaies. L'empereur Ferdinand 1er
d’Autriche vint d'ailleurs la recevoir à Milan le 6 septembre 1838. Pendant les
guerres austro-piémontaises, elle fut transférée à Vienne.
Les
rois d'Italie de la Maison de Savoie obtinrent son rapatriement en 1866.
Description
La
« couronne de fer » est ainsi appelée parce qu'elle contient une
bande métallique d'un centimètre de large, qui aurait été battue à partir d’un
clou utilisé lors de la crucifixion de Jésus.
Elle
se compose de deux éléments principaux :
Le
cercle extérieur de la couronne est composé de six plaques d'or battu, en
partie émaillées, reliées entre elles par des charnières. Les émaux
représentent des motifs floraux dans des teintes de vert et de bleu. Le bandeau
est serti de 22 cabochons de pierres précieuses.
La
partie la plus précieuse est, paradoxalement, la plus simple : il s'agit
du cercle de « fer » (en réalité en argent) d'un centimètre de large,
situé l'intérieur de la couronne, sur lequel sont fixées les plaques en or. Ce
cercle figure parmi les plus célèbres reliques de la chrétienté, bien que sa authenticité
ait souvent été mise en cause par les autorités de l’Église catholique romaine.
La
couronne mesure approximativement quinze centimètres de diamètre pour cinq de
haut.
L'hypothèse
la plus généralement répandue pour expliquer sa petite taille est que la
« couronne de fer » aurait été, en réalité, une couronne votive,
destinée à être suspendue au-dessus d’un autel pour représenter le paradis. La
cathédrale de Monza en conservait au moins deux autres de ce type : celles
d'Agilulf et de Théodelinde.
La
couronne de fer de Lombardie est un reliquaire, et pourrait être l'un des plus
anciens insignes royaux de la chrétienté. Mais, elle a été fabriquée au début
du Moyen Âge. Bien qu'il s'agisse très vraisemblablement d'une couronne votive
et qu'elle n'ait sans doute jamais été portée par un roi lombard, elle devient
l'un des plus forts symboles de la royauté italienne à partir de la fin du
Moyen Âge et, surtout, à l'époque contemporaine.