jeudi 25 février 2021

L'Art de la scagliola (stucco marmo)

Cabinet en scagliola (18e siècle)

Scagliola est un mot Italien, qui provient d’un gypse trouvé en profusion dans le nord de l’Italie, et dont le caractère principal est sa structure en feuilles minces sous forme d’écaille, qui est le résultat de dépôt de sédiments marins accumulés pendant des siècles et des siècles. Les fines couches écailleuses de ces minéraux s’appellent Scaglie, et ressemblent aux écailles de poisson, d’où le nom de ce type de gypse : Scagliola

La technique de la scagliola (appelée également le stuc marbre) est utilisée pour la réalisation de colonnes, d'enduits de murs, d'incrustations de tables, de sculptures, et d'autres éléments architecturaux en stuc imitant le marbre, originaire d'Italie.

Plateau de table en scagliola (1752)

C'est tout simplement du plâtre teinté dans la masse avec des colorants naturels ou pas, poncé à l'eau avec des pierres ponces dans un premier temps, rebouché avec du plâtre et reponcé jusqu'à obtenir le poli brillant. L'huile ou la cire ne se passe qu'après le séchage complet du stuc, pour le rendre imperméable.

À la mode au XVIIe siècle en Toscane, la technique de la scagliola est devenue un substitut efficace aux coûteuses incrustations de marbre des ateliers de l'Opificio delle pietre dure de la famille des Médicis à Florence.

Vidéo : Mauro Patrini présente la technique de la Scagliola (stucco marmo)

samedi 20 février 2021

Que le corps fasse ce qu'il veut. Je ne suis pas mon corps. Je suis mon esprit

Cette citation est de Rita Levi-Montalcini.

Cette italienne, médecin et chercheuse en physiologie fut lauréate du Prix Nobel de médecine en 1986.

Elle vécut jusqu'à l'âge de 103 ans et fut la lauréate du prix Nobel ayant vécu le plus longtemps.


Mais ne nous limitons pas à ces quelques lignes sur cette femme surprenante.

Je vous invite à la découvrir plus en détail :

Il est préférable de regarder le diaporama en plein écran

Vous pouvez également retrouver sa biographie sur Wikipédia 

L'interview retranscrit ci-dessus se retrouve sur YouTube, mais en anglais.

Pour ceux qui veulent écouter la biographie en italien, pourquoi pas YouTube.



lundi 15 février 2021

Brèves d'Italie (9)

Matrimonio all' italiana

Cette caricature est apparue dans "Il Fischietto", une revue satirique de tendance libérale, donc en faveur de la politique de Cavour, très répandue en Italie pendant il Risorgimento. En 1857 l'Italie était divisée en plusieurs petits états : Regno Sardo, il Lombardo-Veneto des autrichiens et trois états indépendants, mais sous le contrôle de l'Autriche : les Duchés de Parme, Modena e Toscana ; au Centre, l'Etat de l'Eglise et au Sud, il Regno delle Due Sicilie sous les Bourbons. Cavour, à l'époque président du Conseil des Ministres, avait un rêve : celui de "faire l'Italie", c'est à dire devenir un Etat unitaire dirigé par la Maison de Savoie.

Pour réussir il fallait engager une nouvelle offensive contre l'Autriche : la seconde guerre d'indépendance (1859). Cavour savait que l'armée piémontaise à elle seule ne pouvait y suffire, donc il se tourne vers le Roi de France pour conclure ce qu'on pourrait appeler "un mariage de raison".

L'illustration revisite "i Promessi Sposi" d'Alessandro Manzoni (1785-1873) et illustre la situation italienne en 1857: Renzo (qui représente le Piemont) à côté de Lucia (l'Italie) dit à don Abbondio (Cavour) : "vous avez pourtant promis de nous marier… et don Abbondio répond : "don Rodrigo (Napoleon III) ne veut pas".

Les "noces" entre le Piemont et l'Italie, de fait, vinrent finalement contrarier le souverain français qui, en 1859 décida de ne pas continuer la guerre contre l'Autriche.


vendredi 12 février 2021

Un mystère de plus autour d'Ötzi

Le texte de Jacques de Saint Victor  lu par Françoise Labrette est arrivé précisément au moment où je m'intéressais à ce  "premier italien" et à ses pathologies. Ce sujet nous avait été présenté par Marcel Delabarre en mars 2014 dans une conférence très documentée et pédagogique (revoir la vidéo a été un grand plaisir). 

J'ai, en effet, découvert dans le livre récent de F. Tangy et J.N. Tournier "l'Homme façonné par les virus"que les prélèvements faits dans l'estomac d'Ötzi pour étudier sa nourriture avaient permis de découvrir qu'il était porteur de la bactérie de l'ulcère de l'estomac (helicobacter pylori). Mais que l'on se rassure ! Rien ne permet de penser qu'il en ait souffert : la moitié de la population mondiale héberge cette bactérie et seulement 10% des porteurs développent un ulcère (Napoléon n'a pas eu de chance...).

Lorsque homo sapiens a quitté l'Afrique pour se répandre sur toute la planète, helicobacter pylori l'a fidèlement accompagné dans cette aventure. Quand des groupes se séparaient pour partir dans des directions différentes, leurs bactéries mutaient de façon indépendante (comme cela se produit avec le virus de la Covid). On a pu établir un schéma synthétisant ces variations dans le temps et l'espace et les associer aux voies de migration suivies par nos ancêtres.

Aujourd'hui, Helicobacter pylori chez les européens est originaire de 2 souches venant l'une d'Asie Centrale et l'autre d'Afrique du Nord. L'hypothèse la plus couramment admise est que cette hybridation se serait faite il y a 20 000ans. Chez Ötzi la bactérie est typiquement asiatique. Celui-ci ayant vécu il y a 5300 ans, cela veut peut-être dire, selon certains spécialistes, que cette hybridation serait beaucoup plus récente qu'on ne le pensait ou alors que notre vaillant homme des glaces aurait échappé à ce métissage.  En attendant de nouvelles découvertes,  Ötzi  reste le seul témoin et garde tout son mystère.



mercredi 10 février 2021

La dernière œuvre de Raphaël à Narbonne ?

Raffaello Sanzio, dit Raphaël (1483-1520)
La Transfiguration (1518-20 - Vatican)
Huile sur bois. 405 x 278 cm

En 1515, l’archevêché de Narbonne est attribué au cardinal Italien Jules de Médicis (1478-1534).

Fin 1516 ou début 1517, Jules de Médicis (futur pape Clément VII) commande deux retables de mêmes dimensions pour la cathédrale du siège épiscopal de Narbonne, l’un à Sebastiano del Piombo, « La Résurrection de Lazare » (Londres, National Gallery), et l’autre à Raphaël, « La Transfiguration ».

Le thème de la Transfiguration est l’épisode biblique (Évangile selon Matthieu) qui relate un changement d'apparence corporelle de Jésus pendant quelques instants de sa vie terrestre, pour révéler sa nature divine à trois disciples.

Dans le contexte de la rivalité permanente entre Raphaël et Michel-Ange, ce dernier a décidé d'aider son ami vénitien, Sebastiano, en lui offrant ses propres dessins pour le retable, en particulier pour les figures du Christ et de Lazare.

Chacun des artistes retarde au maximum la réalisation de son tableau pour ne pas être le premier à le révéler. C'est finalement Sebastiano qui livre le premier son retable, qui est envoyé en France. Quant à Raphaël, il meurt d'un accès de fièvre en avril 1520, et son tableau reste inachevé. C‘est donc son atelier, probablement Giulio Romano, qui se chargea de le compléter. Devenu pape en 1523, le cardinal Jules de Médicis fit finalement don du tableau à l'église San Pietro in Montorio de Rome où il resta exposé de 1523 à 1797. Le Pape Pie VII fut contraint de le céder à la France en 1797 par le traité de Tolentino (le traité, imposé au Saint-Siège par le Directoire français, consistait, entre autres à prélever cent œuvres parmi les collections pontificales et romaines). Il rejoignit alors le Muséum Central des Arts de la République (actuel Musée du Louvre), puis fut restitué au Pape Pie VII à la chute de Napoléon, à la suite des décisions du Congrès de Vienne, en 1815, imposées à la France. En 1817, le fameux tableau retourna à Rome et intégra la Pinacothèque vaticane en 1820.

Le tableau comporte deux parties narratives distinctes.

La partie supérieure montre la Transfiguration sur le mont Thabor, le Christ flottant devant des nuages illuminés, entre les prophètes Moïse et Élie. En dessous, sur le sommet de la montagne, sont couchés les Apôtres St Pierre, St Jacques le Majeur et St Jean Évangéliste, couvrant leur visage, aveuglés par la lumière.

La partie inférieure montre les autres apôtres, à qui une foule de gens paniqués, ont amené un jeune garçon victime d'une possession démoniaque et qu'ils ne parviennent pas à guérir. Le Christ, redescendant du mont Thabor où venait d'avoir lieu sa Transfiguration, guérira l'enfant démoniaque d'une seule parole.

Commencé en 1518, « La Transfiguration » est le dernier tableau peint par Raphaël. Cette œuvre majeure de la Renaissance n’a jamais été envoyée à Narbonne.

Au 19e siècle, la Commission archéologique fait effectuer une copie du tableau de Raphaël, par Pierre Nicolas Brisset (1810-90). Cette œuvre est toujours en place aujourd’hui dans l’ancienne cathédrale Saint-Just-et-Saint-Pasteur de Narbonne.  

 

mardi 9 février 2021

Le Premier Italien du Monde ou La Malédiction de la Momie

Françoise LABRETTE nous propose un récit tiré du livre de Jacques de Saint Victor intitulé

"Le roman de l'Italie insolite".

L'auteur nous promène à travers l'Italie qu'il aime, mystérieuse et profonde, celle qu'on rencontre en dehors des sentiers battus ! Nous pourrons donc découvrir d'autres récits insolites de l'Italie.



Image : Reconstitution d'Ötzi
Cliquez sur l'image pour démarrer la vidéo.


lundi 1 février 2021

Des œuvres d'art italiennes restituées - 3/3

3-Du Musée Napoléon au Congrès de Vienne

Le 19 novembre 1802, le Premier Consul nomme Dominique-Vivant Denon directeur général du Muséum central des Arts. En 1803, ce dernier le rebaptise Musée Napoléon. Il souhaitait en faire « le plus bel établissement de l’univers ».

Pour exposer les trésors ramenés des campagnes napoléoniennes, Pierre Fontaine est chargé de réaliser l'éclairage zénithal sur une partie de la Grande galerie, qu'avait imaginé Hubert Robert en 1796. Les collections de peinture sont présentées par école. Stendhal qui est nommé auditeur au Conseil d'État en 1810, puis inspecteur de la comptabilité des Bâtiments et du Mobilier de la Couronne, est chargé de l'inventaire des œuvres d'art du musée Napoléon.

En 1812, la salle des Caryatides est aménagée pour recevoir la collection Borghese achetée par Napoléon à son beau-frère, Camille, époux de sa sœur Pauline.

Le 2 avril 1810, le mariage religieux entre Napoléon 1er et Marie-Louise doit se dérouler dans le Salon Carré du Louvre. Pour y parvenir, le long cortège part du palais des Tuileries et traverse toute la Grande galerie dont les murs sont couverts des chefs-d’œuvre saisis dans toute l’Europe.

Paris est occupé le 31 mars 1814 par les troupes coalisées contre la France. Napoléon 1er abdique le 12 avril. Certaines personnalités, comme le baron Humboldt, ministre de Prusse, ami de Denon, étaient favorables au Muséum. Le roi de Prusse et l'empereur d'Autriche visitent le musée, et félicitent Vivant Denon pour l'exposition des œuvres. Le traité de Paris de 1814 ne demande pas la restitution des œuvres d'art saisies dans les pays occupés.


Restitutions après le Congrès de Vienne (1815)

Après les Cent-Jours et Waterloo, l'attitude des puissances alliées va changer. Au Congrès de Vienne. Elles vont exiger la restitution de la majeure partie des œuvres d'art qui avaient fait l'objet de prélèvements dans les territoires occupés ou annexés.

Canova présente à Pie VII
les monuments récupérés

En novembre 1815, 5 099 œuvres d'art, dont 2 065 peintures provenant d'Allemagne, d'Autriche, d'Espagne, d'Italie, des Pays-Bas et de Belgique, sont restituées. Denon réussit à conserver plusieurs centaines de tableaux, parmi lesquels, 257 des 506 tableaux qui provenaient d’Italie. La majorité des tableaux qui avaient été envoyés dans les musées de province français, y restèrent.

Avec l'accord des puissances étrangères, 102 peintures demeurèrent  au Louvre : la plupart étaient des tableaux de primitifs italiens et du quattrocento que Denon avait acquis en 1811 (Cimabue, Giotto, Fra Angelico, Carpaccio, Mantegna, Pontormo...)

Quant aux Noces de Cana de Véronèse, cette toile fut échangée avec Venise contre une grande toile de Le Brun, et huit cents dessins.

Le roi de France, Louis XVIII, abandonna sa revendication sur les 70 tableaux envoyés au musée de Bruxelles. Il en fut de même pour les tableaux envoyés par le Louvre pour le projet du musée de Genève (23 peintures), et à celui de Mayence (25 peintures). La France ayant été ramenée à ses frontières de 1790, ces trois villes ne sont plus françaises.

Finalement, ce sont donc plus de 470 tableaux qui restèrent sur le territoire français

Le 8 octobre 1815, Vivant Denon présente sa démission au roi Louis XVIII qui l'accepte. Il écrit :

« Des circonstances inouïes avaient élevé un monument immense ; des circonstances non moins extraordinaires viennent de le renverser. Il avait fallu vaincre l'Europe pour former ce trophée ; il a fallu que l'Europe se rassemblât pour le détruire. Le temps répare les maux de la guerre, des nations éparses se recomposent ; mais une telle réunion, cette comparaison des efforts de l'esprit humain dans tous les siècles, cette chambre ardente où le talent était sans cesse jugé par le talent, cette lumière enfin qui jaillissait perpétuellement du frottement de tous les mérites vient de s'éteindre, et de s'éteindre sans retour. »

Le musée Napoléon est fermé le 15 novembre 1815.

Louis XVIII fonde le musée royal du Louvre par l'ordonnance du 22 juillet 1816.

 

Catalogue des peintures rapportées d’Italie en France entre 1796 et 1814

Conférence de Bénédicte Savoy sur les œuvres non restituées en 1815 (Cours du Collège de France)