3-Du Musée
Napoléon au Congrès de Vienne
Le 19 novembre 1802, le Premier Consul
nomme Dominique-Vivant Denon directeur général du Muséum central des Arts. En 1803, ce dernier le rebaptise Musée Napoléon. Il souhaitait en faire «
le plus bel établissement de l’univers ».
Pour
exposer les trésors ramenés des campagnes napoléoniennes, Pierre Fontaine est
chargé de réaliser l'éclairage zénithal sur une partie de la Grande galerie,
qu'avait imaginé Hubert Robert en 1796. Les collections de peinture sont
présentées par école. Stendhal qui est nommé auditeur au Conseil d'État en
1810, puis inspecteur de la comptabilité des Bâtiments et du Mobilier de la
Couronne, est chargé de l'inventaire des œuvres d'art du musée Napoléon.
En
1812, la salle des Caryatides est aménagée pour recevoir la collection Borghese
achetée par Napoléon à son beau-frère, Camille, époux de sa sœur Pauline.
Le
2 avril 1810, le mariage religieux entre Napoléon 1er et Marie-Louise
doit se dérouler dans le Salon Carré du Louvre. Pour y parvenir, le long
cortège part du palais des Tuileries et traverse toute la Grande galerie dont
les murs sont couverts des chefs-d’œuvre saisis dans toute l’Europe.
Paris est occupé le 31
mars 1814 par les troupes coalisées contre la France. Napoléon 1er
abdique le 12 avril. Certaines personnalités, comme le baron Humboldt, ministre
de Prusse, ami de Denon, étaient favorables au Muséum. Le roi de Prusse et
l'empereur d'Autriche visitent le musée, et félicitent Vivant Denon pour
l'exposition des œuvres. Le traité de Paris de 1814 ne demande pas la
restitution des œuvres d'art saisies dans les pays occupés.
Restitutions après le
Congrès de Vienne (1815)
Après les Cent-Jours et
Waterloo,
l'attitude des puissances alliées va changer. Au Congrès de Vienne. Elles vont exiger la restitution de la
majeure partie des œuvres d'art qui avaient fait l'objet de prélèvements dans
les territoires occupés ou annexés.
Canova présente à Pie VII
les monuments récupérés
En
novembre 1815, 5 099 œuvres
d'art, dont 2 065 peintures provenant d'Allemagne, d'Autriche,
d'Espagne, d'Italie, des Pays-Bas et
de Belgique, sont restituées. Denon
réussit à conserver plusieurs centaines de tableaux,
parmi lesquels, 257 des 506 tableaux
qui provenaient d’Italie. La majorité des tableaux qui avaient été envoyés dans
les musées de province français, y restèrent.
Avec
l'accord des puissances étrangères, 102 peintures demeurèrent au Louvre : la plupart étaient des
tableaux de primitifs italiens et du quattrocento que Denon avait acquis en
1811 (Cimabue, Giotto, Fra Angelico, Carpaccio, Mantegna, Pontormo...)
Quant
aux Noces de Cana de Véronèse, cette toile
fut échangée avec Venise contre une grande toile de Le Brun, et huit cents
dessins.
Le
roi de France, Louis XVIII, abandonna sa revendication sur les 70 tableaux
envoyés au musée de Bruxelles. Il en
fut de même pour les tableaux envoyés par le Louvre pour le projet du musée de Genève (23 peintures), et à celui de Mayence (25 peintures). La France ayant été ramenée à ses frontières de 1790, ces trois villes ne sont plus françaises.
Finalement,
ce sont donc plus de 470 tableaux qui restèrent sur le territoire français
Le
8 octobre 1815, Vivant Denon présente sa démission au roi Louis XVIII qui
l'accepte. Il écrit :
« Des
circonstances inouïes avaient élevé un monument immense ; des
circonstances non moins extraordinaires viennent de le renverser. Il avait
fallu vaincre l'Europe pour former ce trophée ; il a fallu que l'Europe se
rassemblât pour le détruire. Le temps répare les maux de la guerre, des nations
éparses se recomposent ; mais une telle réunion, cette comparaison des
efforts de l'esprit humain dans tous les siècles, cette chambre ardente où le
talent était sans cesse jugé par le talent, cette lumière enfin qui jaillissait
perpétuellement du frottement de tous les mérites vient de s'éteindre, et de
s'éteindre sans retour. »
Le
musée Napoléon est fermé le 15 novembre 1815.
Louis XVIII fonde le musée royal du
Louvre par l'ordonnance du 22 juillet 1816.
Catalogue des peintures rapportées d’Italie en France entre 1796 et 1814
Conférence de Bénédicte
Savoy sur les œuvres non restituées en 1815 (Cours du Collège de France)