samedi 26 décembre 2020

Visite des musées des Beaux-Arts de France



Depuis mon adolescence, je me suis toujours intéressé aux arts plastiques, avec cependant une préférence marquée pour la peinture. 

J’ai toujours été étonné par la richesse et la diversité des collections publiques françaises. Quand je visitais les musées des Beaux-Arts, j’achetais les catalogues de ces musées, mais j’étais souvent frustré car des œuvres que j’avais appréciées n’étaient pas reproduites. 

Cela m’a conduit à prendre des notes qui sont devenues de plus en plus systématiques. J’entassais notes personnelles et documentations, mais en 2008 (cela fait douze ans, déjà !), j’ai souhaité les partager en les publiant dans un blog. Un ami informaticien m’a aidé dans cette démarche, et en mars 2008, j’ai publié mes premiers « billets », mes notes étaient accompagnées de photos, d’assez médiocre qualité, trouvées sur Internet. Je n’avais pas encore d’appareil photo numérique (les performances des premiers appareils étaient insatisfaisantes).

Puis j’ai commencé à quadriller la France pour visiter tous les musées des Beaux-Arts, même les plus modestes. Mon idée était aussi de ne présenter et de ne faire connaître que les collections des musées de province, les musées parisiens étant très connus.

Depuis une bonne dizaine d’années j’utilise essentiellement des photos personnelles pour illustrer mes notes. Les musées publiés sont abondamment illustrés (environ  9 000 photos) ; ils constituent une base de documentation accessible à tous. En 12 ans, j’ai visité plus de 200 musées différents (certains vus plusieurs fois..), mais le travail est loin d’être achevé… Certaines régions (est et sud-est) restent à découvrir. De plus, il est fréquent de voir que des musées ont été rénovés et mériteraient une nouvelle visite… 

Malheureusement, des ennuis de santé et deux confinements ont bouleversé mes projets de visites, mais les activités reprendront bientôt.


Parallèlement aux visites de musées, vous trouverez dans ce blog des études de tableaux, et des documents thématiques : Les arts décoratifs du premier Empire, Les Regalia et les joyaux de la Couronne de France, les liens vers les conférences que j’ai données dans le cadre de l’ACORFI, ainsi que d’autres sujets…


Bonnes visites !
 
NB - Les tableaux reproduits sont exposés au musée des Beaux-Arts d'Orléans

vendredi 25 décembre 2020

Passatempo, violon d'Ingres, hobbies, passion, passe-temps, dada…

 

Le titre de cet article est déjà tout un programme. Parmi cet étrange inventaire, le mot que je préfère est violon d'Ingres, qui nous renvoie à ce grand peintre, dont Jean-Louis nous a parlé sur ce blog le 7 mai 2020.


Le fameux violon ayant appartenu à Jean-Auguste Dominique Ingres.
Ville de Montauban - Musée Ingres Bourdelle


Dans le passé, le nom de dada était souvent employé. L’expression anglaise : a second string to one's bow (une seconde corde à son arc) est aussi très parlante. Il s’agit d'une activité à laquelle nous aimons nous consacrer en dehors de notre profession. Pour les retraités que nous sommes, en très grande majorité à l'ACORFI, cela devient l’activité principale. Les adhérents se passionnent pour l’Italie, la langue italienne, la civilisation italienne… et beaucoup d’autres choses


Alors, acorfiens, je vous invite à nous décrire sur ce blog, votre passion qui vous prend tant de temps. Cette présentation peut être écrite, orale, audiovisuelle, selon votre préférence. Si vous le souhaitez, nous vous aiderons à la réaliser et à la mettre en ligne. Toutes ces contributions seront repérables grâce au libellé Mon violon d'Ingres.



Le 4 octobre 2020, fut diffusée une émission de France Musique intitulée : Le violon d’Ingres, par Man RayElle explique comment le photographe surréaliste Man Ray a réalisé sa célèbre photographie (voir ci-contre).

(elle dure 10 minutes).

samedi 19 décembre 2020

Connaît-on bien la vie aventureuse de la "Joconde" ?

 

Tout le monde croit connaître l’histoire de la Joconde, mais c’est peut-être ce tableau qui a vécu les plus nombreux déplacements et les aventures les plus périlleuses.

La date de création du tableau fait débat, les dernières recherches laissent penser qu’il a été réalisé entre 1513 et 1516, et même 1519.

À la mort de son protecteur Julien de Médicis, en mars 1516, Léonard de Vinci répond à l'invitation du roi de France.

Le voyage de Léonard n'a jamais été consigné dans le moindre registre. Tout juste sait-on qu'il est parti de Rome après la mi-août 1516, quand les sentiers muletiers ne sont plus enneigés, et qu'il s'est arrêté plusieurs jours à Florence pour faire ses adieux aux siens. Dans ses bagages, il transporte trois tableaux importants : « La Joconde », la « Sainte Anne » et le « St Jean-Baptiste ». (tous actuellement au Louvre)

Au début de l’automne 1516, Léonard franchit les Alpes. Il a probablement emprunté la route reliant Turin au val de Suze, avant de descendre la Maurienne vers Chambéry, Lyon et Roanne. Il a dû mettre deux mois pour rallier Amboise, où l'attend le jeune roi de France. Un voyage périlleux et éreintant pour un homme de 64 ans. La Joconde a fait le voyage dans une sacoche de cuir, peut-être à dos de mulet.

En 1518, le roi acquiert La Joconde, qui entre dans les collections royales. Au château de Fontainebleau, elle est présentée dans l’appartement des bains situé sous la galerie François 1er. Ce qui n’est pas le meilleur endroit pour la conservation d’une peinture sur bois.

Louis XIV fait venir le tableau au Louvre, puis à Versailles.

En 1798, pendant la Révolution, le tableau est présenté au Louvre. Napoléon 1er le fait placer dans les appartements de Joséphine aux Tuileries.

Puis le tableau rejoint le Louvre. Le 21 août 1911, un peintre en bâtiment et vitrier d’origine italienne, Vincenzo Peruggia, vole le tableau, et tente de le vendre à un antiquaire florentin. Le tableau est restitué en 1913, après avoir fait une tournée triomphale à Florence, Rome et Milan.

En 1914, La Joconde, comme une grande partie des collections du musée, est mise en sécurité à Bordeaux puis à Toulouse. A la fin de la guerre, elle retourne au musée du Louvre ; elle est alors installée dans la Grande galerie.

En septembre 1938, à la suite de l'annexion de la région des Sudètes imposée par Adolf Hitler, et dans le contexte d'un risque de guerre, Jacques Jaujard, directeur des Musées nationaux, prend la décision de mettre La Joconde en sécurité au musée Ingres à Montauban. Quelques semaines après leur départ, les accords de Munich semblent écarter le danger, le tableau réintègre le Louvre

Entre le 27 septembre 1938 et le 17 juin 1945, La Joconde fut déplacée dix fois. Pour le voyage, elle était enfermée« dans un capitonnage en velours rouge, lui-même disposé dans un écrin de bois précieux, lequel était placé dans une caisse à double paroi en bois de peuplier. Elle était identifiée par le seul matricule «MNLP n° 0» (Musée National du Louvre Peinture). Le n° 0 accompagné de 3 points rouge, la désignait comme l’œuvre la plus importante du musée.

En 1939, lorsque la guerre semble inéluctable, les chefs-d'œuvre du musée sont évacués selon un plan conçu dès 1938 par Jacques Jaujard. L’ambition est de mettre ces œuvres hors de portée des Allemands. Les œuvres sont dispersées aux quatre coins de la France et placées dans divers endroits.

Jaujard fait fermer le musée du Louvre le 25 août 1939, et placer les œuvres dans des caisses. Le 28 août 1939, à 6 heures du matin, le déménagement de tableaux le plus important de l’Histoire commence.

En quatre mois, 5 446 caisses contenant les collections du Louvre, d’autres musées parisiens et de propriétaires privés, quittent la capitale dans 199 camions répartis en 51 convois, vers onze abbayes et châteaux de l’ouest et du centre de la France.

« La Joconde » part d'abord pour le château de Chambord, où transitèrent, à cette période, de nombreuses peintures et sculptures des musées parisiens.

Le 14 novembre 1939, la Joconde est transportée à Louvigny, près de Caen. Mais le 31 mai 1940, La Joconde est remise dans sa caisse, et quitte Louvigny le 3 juin 1940 à 5 h 15 du matin pour Chambord. Après une brève halte à Chambord les 3 et 4 juin 1940, elle prend la route de l’abbaye de Loc-Dieu dans l’Aveyron où elle séjourne tout l’été. Du 3 octobre 1940 au mois de mars 1943, Mona Lisa séjourne au musée Ingres de Montauban, puis, l’invasion allemande de la zone libre oblige ses gardiens à la remonter un peu plus au Nord, au château de Montal-en-Quercy, dans le Lot, où elle demeurera jusqu’à la fin de la guerre. Mais elle aurait aussi transité par diverses demeures anonymes du Lot et des Causses, qui auraient ainsi accueilli le tableau jusqu'en juin 1945 où il sera réinstallé au Louvre.

En 1962, elle voyage à Washington et New York. Elle est accueillie comme un chef d’État par John Fitzgerald Kennedy et son épouse. En 1974, elle est invitée à Tokyo. Au cours du voyage de retour, elle fait une halte à Moscou. Partout elle reçoit un accueil triomphal. Depuis, tout voyage lui est strictement interdit, elle doit rester confinée au Louvre.

 

jeudi 17 décembre 2020

CORREGGIO ou les Amours mythiques

Jupiter et Io
(Vienne)
L'ACORFI vous propose un article de Graziella BAIO LE CLAIR. Elle devait nous parler cette saison de 
Pietro Bembo,  un prince des Lettres et un grand humaniste collectionneur au cœur de la Renaissance. Le déplorable COVID-19 en a décidé autrement, laissons la parole à  notre amie vénitienne :

Voici un petit texte à ma convenance. Je l'ai traduit en français pour le partager avec vous, chers amis orléanais.

Vers 1530, le grand Antonio Allegri, plus connu sous le nom il Correggio ou Le Corrège, recevait une commande portant sur la réalisation d’une série de peintures sur le thème des Amours de Jupiter

On les considère aujourd’hui comme les plus sublimes représentations de l’art érotique du cinquecento

Un petit poème de l’époque nous en rappelle la renommée :

Pendant que Antonio Allegri quittait le monde des mortels, les Grâces affolées se pressèrent aux pieds de Jupiter, le souverain de tous les Dieux. Elles le prièrent de recevoir dans l’Olympe, un maître aussi renommé, car lui seul, pour la postérité, pouvait peindre avec splendeur, les chairs veloutées des Déesses dans leur suprême Vénusté. Et le grand Jupiter approuva

Léda et le Cygne (Berlin)

Ce texte fut composé en vers latin par le gentilhomme Fabio Segni, puis adressé à Giorgio Vasari soulignant ainsi le sommet qu’atteignit le peintre des Grâces, dans la plénitude de son art visuel, sensuel et pourtant éthéré. 

Le fait que l’auteur du petit poème fût florentin nous indique que la renommée d’Allegri avait dépassé les frontières régionales grâce à l’admirable perfection de ses œuvres.

La consécration païenne de Correggio rééquilibrait ainsi, de façon inattendue, la tonalité plus connue de son œuvre religieuse où tableaux et retables rejoignaient les ciels infinis qu’il avait prodigieusement démantelés… dans les coupoles de Parme.

Danaé (Rome)

Son œuvre, souvent imprévisible, nous surprend par l’alternance des sujets, ses contenus culturels, ainsi que par son exécution géniale. 

Rappelons qu’en 1518, encore tout jeune maître, il réalisa un ensemble décoratif important dans le logis abbatial du couvent San Paolo à Parme. 

La chambre de l'abbesse

La voûte de la Chambre de l’Abbesse, Giovanna Piacenza, fut peinte par Correggio et terminée en 1519. Divisée en 16 compartiments concaves, elle est ornée de 16 lunettes en grisaille, avec une série de personnages mythologiques. Et dans les 16 oculi, apparaissent de joyeux et malicieux putti. Il s’agit du premier décor monumental du peintre.

L'Enlèvement
de Ganymède
(Vienne)
Quelques années plus tard vers 1530 Correggio recevait de Federico Gonzaga, marquis de Mantoue et candidat au titre ducal, une commande portant sur la réalisation de la fameuse série de peintures ayant pour sujet Les Amours de Jupiter. 

Cette série apporta de la notoriété à la Cour, grâce à son caractère sensuel. 

Elle surprit l’empereur Charles Quint qui après son couronnement, au mois de février 1530, visita les Cours de ses plus fidèles alliés (en effet il séjourna un mois à Mantoue).

Alors le peintre des Grâces se mit au travail. En connaisseur amoureux du plaisir sensuel, il composa les Amours qui soulignaient son penchant culturel et littéraire afin de mettre en valeur les étreintes, leurs mouvements et les circonstances montrant les authentiques élans du cœur des amants du grand Jupiter.

Des chefs d’œuvres inoubliables, admirés encore de nos jours, sont nés ainsi.


 Graziella BAIO LE CLAIR

lundi 30 novembre 2020

Brèves d'Italie (8)

Finanza allegra

                                 


Quand Agostino Magliani, en 1877, fut nommé Ministre des Finances par Agostino De Pretis, alors Président du Conseil des Ministres, il hérita d'une situation épineuse.

La Droite, en 1866, pour résorber le déficit, avait augmenté les impôts et mis en place le "cours forcé" de la monnaie.

Une mesure mise en œuvre dans le passé par un état à court d'argent et contraint d'imprimer plus de billets qu'il n'avait d'or dans ses réserves.

Cette intervention fit perdre un pouvoir d'achat à l'argent en générant l'inflation.

Une des mesures de Magliani, en 1881, fut d'abolir progressivement le "cours forcé" de la monnaie.

Pour trouver la couverture financière à cette téméraire opération, il fut contraint de solliciter un prêt de 644 millions de lires auprès des banques italiennes et étrangères, que l'état aurait converti en titres de rente à 5% et remboursé.

L'illustration intitulée "l'ouverture solennelle des guichets" offrant des pièces en échange de bons de papier sale, fut publiée en 1883 dans le journal humoristique de Bologne "La Rana"- qui en dialecte signifiait "fauché".

Il ironisait sur la mesure parce que dans le même temps le peuple, avec l'inflation, était resté en "sous vêtement" et n'avait même plus de vieux billets.

La loi eut une vie brève, la réapparition du déficit budgétaire en 1884 a imposé la suspension d'office de la convertibilité de la monnaie en Or.

Giolitti - Ministre du Trésor (1889-90) du gouvernement Crispi, présente Magliani comme le représentant caractéristique "d'une finance insidieusement optimiste et d'une manipulation financière", incapable de répondre par un refus (ce qui devrait être la devise de tout Ministre du Trésor, à toute question préjudiciable à la finance).

 

mardi 24 novembre 2020

Un Mantegna "découvert" dans la collection de l'Accademia Carrara

 


Andrea Mategna (1431-1506) : La Résurrection du Christ 
(1492-93 - Bergame, Accademia Carrara). 
Tempera sur toile. 48 x 37 cm 

En 1866, le comte Guglielmo Lochis (1789-1859 -  podestat de Bergame et grand connaisseur d'art), offre 240 œuvres de sa collection de peinture à l’Accademia Carrara de Bergame. Parmi ces œuvres figure « La Résurrection du Christ » d’Andrea Mantegna. À l’époque de son acquisition, la peinture est certifiée authentique, comme l’affirme un catalogue de 1846 (qui indique également que l’œuvre a subi quelques restaurations).

Plusieurs historiens d’art remettent en doute la paternité de l’exécution en raison de restaurations médiocres qui avaient altéré la qualité du tableau. Ils suggèrent que la peinture n’est pas une réalisation de Mantegna, mais plutôt un travail d’atelier.

C’est Bernard Berenson (célèbre historien de l’art américain, spécialiste de la Renaissance italienne) qui clôt le débat ; il considère que la toile est une copie. Elle est alors rangée dans les réserves du musée et oubliée. Elle va y rester pendant plus d’un siècle.

Alors qu’il procédait récemment au recollement des collections du musée en vue de l’édition du catalogue raisonné des collections de peintures des Trecento et Quattrocento, le conservateur en chef, Giovanni Valagussa, est tombé sur ce tableau qui l’a intrigué dès le premier coup d’œil, par la qualité de son exécution qui dépassait largement celle d’une simple copie. Il remarque aussi qu’une petite croix incomplète figure sur le bord inférieur de la toile. Cette croix a relancé l’enquête.

Andrea Mategna (1431-1506) : La Résurrection du Christ 
(1492-93 - Bergame, Accademia Carrara). 
Tempera sur toile. 48 x 37 cm (en haut)

Andrea Mantegna : La Descente aux Limbes 
(1492-93 – collection privée).
Tempera sur toile. 38,8 x 42,3 cm (en bas) 

La présence de cette croix ne s’explique que si La Résurrection de Bergame est en réalité la partie supérieure d’une composition plus grande qui montrait un autre épisode de la vie du Christ.

Partant de cette hypothèse, le conservateur a réussi à établir un lien entre cette toile et le tableau intitulé « La Descente aux Limbes qui représente le Christ descendant en Enfer, après sa mort et sa Résurrection, pour libérer les âmes des Justes, tenant dans sa main gauche la hampe d’une bannière dont l’extrémité supérieure est tronquée. Après vérification, il est apparu que les compositions des deux toiles concordent parfaitement et que la Résurrection constitue donc la partie supérieure de « La Descente aux Limbes ». En effet, la croix coïncide avec à l’extrémité de la bannière tenue par le Christ de « La Descente aux Limbes ». Et les rochers qui l'entourent sont aussi des éléments de continuité entre les deux parties. Cependant, on peut constater que la partie supérieure a été amputée d'un bande de toile de quelques centimètres de largeur, sur le côté gauche.

Cette découverte a ainsi permis à Giovanni Valagussa de réattribuer la toile de Bergame à Mantegna, une identification rapidement confirmée par Keith Christiansen, le plus grand expert de l’œuvre de Mantegna. L’enquête a permis non seulement de confirmer que « La Résurrection du Christ » appartient bien au maître italien, mais aussi de la dater aux alentours de 1492.

« La Descente aux Limbes » faisait partie de la collection de Barbara Piasecka Johnson, et a été vendue en 2003 à un collectionneur privé pour 25,3 millions d’euros. Nous ne pouvons qu'imaginer le prix que l’œuvre pourrait atteindre si les deux parties étaient un jour réunies ...

 

dimanche 22 novembre 2020

La Tour de Pise

 Un reportage qui, à mon avis pourrait vous intéresser, sur :

L’érection de la Tour de Pise

Elle défie les lois de la gravité depuis plus de huit siècles : la tour de Pise a fêté ses 847 ans le 9 août.  

Cliquez sur l'image pour accéder à la vidéo. 
N'oubliez pas de régler le son de votre ordinateur.
 Une vidéo France.TV

lundi 16 novembre 2020

Reconstitution partielle d'un tableau de Carpaccio

Vittore Carpaccio (1465-1526) : 
Deux Dames vénitiennes (c. 1495 – Musée Correr, Venise). 
Sur bois. 94 x 64 cm

Nous savons qu'en 1830, ce panneau représentant deux femmes faisait partie de la collection de Teodoro Correr qui était composée de plus de mille pièces.

Ce tableau du musée Correr est devenu très célèbre au XIXe siècle, quand John Ruskin (critique d’art britannique) Iui a donné le titre accrocheur de « Deux courtisanes ». Les nombreux titres donnés à ce tableau révèlent l’énigme que constitue l’attitude des deux femmes. De plus, il est saturé de symboles.

Malgré les nombreuses études, on sait peu de choses sur ce tableau. La scène représentée a donné lieu à de nombreuses interprétations parfois contradictoires.

Cette peinture était considérée comme représentant deux courtisanes, cependant, les historiens de l'art modernes pensent qu'elles appartiennent plus probablement à la famille patricienne Torella, comme le suggèrent leurs beaux vêtements, leurs colliers de perles, et les armoiries qui figurent sur le pot d’où jaillit un lys blanc.

La scène représente deux dames vénitiennes oisives, assises sur un balcon entouré d’une balustrade de marbre ; elles attendent le retour de leur mari, parti chasser le gibier dans la lagune. La plus jeune, le regard figé dans le vide, mollement appuyée sur la balustrade, semble s’ennuyer, elle tient un mouchoir blanc (symbole ?). La plus âgée se distrait en jouant avec deux chiens : d’une main, elle soutient les pattes d’un petit chien, de l’autre, elle tend une baguette à ronger au plus grand.

Le troisième personnage est un jeune garçon, qui se tient curieusement à l’extérieur de la balustrade, et qui se penche pour caresser une paonne. Qui est-il ?

D’autres animaux sont présents ; si le couple de pigeons (tourterelles) peut symboliser une relation conjugale, la présence d’un perroquet et de la paonne est plus énigmatique. Sur la balustrade on remarque un fruit (pomme, orange, grenade ?) et deux pots : l’un contient un lys symbolise de pureté, et l’autre, un plant de myrte. Carpaccio a eu recours à une riche symbolique dont le sens est incertain.

Un autre objet attire l’attention : une paire de chaussures à hautes semelles, des calcagnetti, accessoire courant des femmes à cette époque. Venise ne possédait pas de rues pavées, ces chaussures permettaient aux femmes  de ne pas salir le bas de leurs vêtements et de ne pas se mouiller les pieds.

Une question se pose : A qui appartiennent-elles ? Le bas des robes des deux femmes est légèrement déformé, on peut deviner qu’elles portent leurs propres chaussures à semelles hautes. Les calcagnetti, présentes dans la composition, doivent donc appartenir à une autre dame, une troisième dame…

Vittore Carpaccio : Chasse dans la Lagune (c. 1495 - J. Paul Getty Museum, Los Angeles). 
Sur bois. 75,5 x 63,8 cm (en haut)
Vittore Carpaccio (1465-1526) : Deux Dames vénitiennes (c. 1495 – Musée Correr, Venise). 
Sur bois. 94 x 64 cm (en bas)

En 1963, intervient une découverte décisive. Le Getty Museum possède un tableau de Carpaccio intitulé "Scène de Chasse sur la Lagune" (il fut découvert par Busiri Vici en 1944 dans un marché d'antiquaires à Rome). Des chercheurs, intrigués par un lys qui apparaît bizarrement sur ce panneau, font le rapprochement avec le tableau du musée Correr. "La Chasse sur la lagune" est le prolongement supérieur du tableau avec les deux femmes, le lys établissant la continuité des deux scènes. Les deux tableaux appartiennent à un seul et même panneau de bois, sans doute découpé par un marchand d'art peu scrupuleux au XVIIIe siècle. La présence de charnières laisse à penser qu'il s'agissait d'une porte ou d'un élément de meuble, commandé pour des fiançailles ou un mariage.

Mais le grand chien coupé dans la partie inférieure permet de penser que la partie qui nous connaissons ne représente que la moitié de l'œuvre. A ce jour, le pendant  n'a pas été retrouvé. Les deux éléments étaient-ils articulés entre eux formant un diptyque sur les portes d'un meuble ?

Des historiens d’art ont tenté d’imaginer le panneau manquant ; une troisième femme, la propriétaire des calcagnetti, y figurait peut-être… Pour autant, les recherches relancées par cette avancée  ne permettent pas davantage de progresser dans l'identification des femmes.

Un détail étonnant. Au dos du panneau du musée Getty, figure une peinture en trompe-l’œil  Elle représente un cadre, avec divers morceaux de papiers, à cheval sur un ruban rayé, fixé aux montants par deux petits clous. Sur l'un des papiers, on peut lire le nom d'Andrea Mocenigo (sénateur et historien ?). Ce casier à lettres illusoire est la première peinture en trompe-l'œil connue dans l'art italien.

  

jeudi 12 novembre 2020

Exceptionnel petit panneau de Cimabue découvert en France

Cenni di Pepo, dit Cimabue (connu de 1272 à 1302) : « Le Christ moqué ». 
Élément d’un diptyque de dévotion. (1280) 
Peinture à l’œuf et fond d’or sur panneau de peuplier
H. 25,8 cm ; L. 20,3 cm

Début juin 2019, la jeune commissaire-priseur Philomène Wolf s’est rendue dans une maison près de Compiègne (Oise). La propriétaire des lieux, une dame âgée, lui avait demandé d’estimer ses biens et d’examiner des objets divers et variés, pour la plupart destinés à la déchetterie ou à une brocante.

Parmi une centaine de lots, un petit panneau en bois accroché sur un mur entre la cuisine et le grand salon a attiré l’attention de Maître Wolf. Une peinture non signée mais de belle finition, représentant un épisode de la Passion du Christ, celui où Jésus est agressé, « moqué » et tourné en dérision devant la foule.

La propriétaire a expliqué que cette peinture appartenait à sa famille depuis très longtemps, mais qu’elle pensait ce n’était qu’une banale icône russe du 19e siècle. La famille n’en connaissait pas la provenance et n’y attachait aucune importance.

La commissaire-priseur a pressenti que cette représentation très vivante de Jésus entouré d’une foule en colère cachait une œuvre remarquable. Peint à l’œuf et fond d’or sur panneau de peuplier, le tableau ne mesure que 25 centimètres sur 20 et semble avoir été retiré d’un plus grand ensemble. Elle pense à un primitif italien.

Maître Philomène Wolf montra la peinture à Éric Turquin, un éminent spécialiste des tableaux anciens basé à Paris. Après examen de la pièce, l’expert et son équipe ont établi avec certitude que l’artiste n’était autre que Cimabue, le légendaire maître florentin dont les œuvres connues sont très rares.

Ces experts ont conclu que « Le Christ moqué » faisait partie d’un diptyque de dévotion privée composé de huit panneaux peint par Cimabue vers 1280, et dont seuls deux autres morceaux ont traversé les siècles : une "Flagellation du Christ" conservée à la Frick collection, à New York, et une "Vierge à l’enfant trônant entre deux anges", visible à la National Gallery de Londres. A l’origine, les huit panneaux représentaient huit scènes de la Passion du Christ.

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Dès la fin du XIIIe siècle, Cimabue pose les jalons d’un art occidental qui donnera la primauté à la représentation réaliste et humaniste de l’espace et des corps. Si le fond d’or ne permet pas encore de marquer la profondeur, de petites architectures, encadrant la scène sous la forme de volumes simples, suggèrent déjà le désir de l’artiste de représenter un espace en trois dimensions. De même, le dessin rompt avec le hiératisme byzantin et donne aux figures une véritable présence plastique, modelant avec souplesse des corps, dont les drapés épousent le mouvement, et dont les visages sont désormais empreints d’humanité. Il sera suivi par son élève Giotto.

27 octobre 2019 – La vente à lieu dans la salle du manège Ordener de Senlis. Mis à prix à 3 millions d’euros, « Le Christ moqué » de Cenni di Pepo, dit Cimabue a été adjugé à 19, 5 millions d’euros au marteau, soit 24,18 millions d’euros avec les frais, à un couple de grands collectionneurs chiliens (collection Alana).

Cependant, le panneau de Cimabue a été classé « trésor national » par le ministère de la Culture qui a refusé la délivrance de son certificat d’exportation. Reconnue comme majeure et inédite, l’œuvre pourrait ainsi rejoindre la Maesta du maître italien conservée au musée du Louvre. Encore faut-il rassembler la somme nécessaire…


samedi 7 novembre 2020

Deux panneaux de Giovanni Bellini découverts en France

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Dans un article daté du 1er octobre 2020, publié sur son blog « La tribune de l’art », Didier Rykner signale la découverte, dans une collection privée française, de deux panneaux de Giovanni Bellini.

Le 12 mars 2019, le Journal Officiel publiait le refus de certificat d’exportation de deux panneaux « attribués à Giovanni Bellini », un Saint Étienne et un Saint Laurent. L’avis de la commission des trésors nationaux signalait que ces œuvres faisaient partie du même polyptyque que deux autres tableaux figurant Saint Antoine Abbé et un Saint Évêque, probablement Saint Augustin, donnés en 1875 par Guillaume Parissot, l’ancien directeur du magasin « La Belle Jardinière », à l’église du Pecq (Yvelines), et déposés depuis 1980 au Louvre.

Curieusement, les deux panneaux du Louvre n’ont jamais donné lieu à des études très avancées et sont toujours seulement « attribués à » Giovanni Belllini.

Les deux tableaux réapparus qui appartiennent depuis le milieu du XIXe siècle à une vieille famille aristocratique française, ont fait l’objet d’une étude très approfondie. Il faut signaler leur extraordinaire qualité et leur bon état général.

Toujours situés dans l’école vénitienne autour de 1460, l’attribution des panneaux du Louvre était discutée mais, en 1992, Pierre Rosenberg affirmait le nom de Giovanni Bellini. Il n’y a désormais plus aucun doute. La qualité des œuvres et leur technique rendent l’attribution à Bellini certaine, et c’est d’ailleurs la conclusion de Mauro Lucco qui, dans le catalogue raisonné à paraître dans quelques jours chez ZeL Edizioni, inclut sans aucune réserve les panneaux du Louvre et ceux de la collection particulière française, proposant par ailleurs une reconstitution avec un panneau central représentant la Vierge à l’enfant conservé aujourd’hui à la Galleria dell’Accademia de Venise. Il ne s’agit que d’une hypothèse, en effet, il est possible que le panneau central ne soit pas celui de Venise, mais reste encore à retrouver dans notre pays.

Outre l’extraordinaire découverte que constituent ces deux peintures, leur réapparition permet désormais de rendre sans aucun doute celles du Louvre à Giovanni Bellini, l’un des plus importants artistes italiens de la Renaissance. Il faut espérer que les panneaux du Louvre pourront être restaurés par le musée.

Giovanni Bellini, né à Venise, entre 1425 et 1433, et mort à Venise, le 29 novembre 1516, est un peintre italien de la Renaissance, considéré comme le précurseur de l'école vénitienne, dont l'œuvre marque la rupture définitive avec le style gothique. 



mardi 3 novembre 2020

Retour sur le voyage en Sicile orientale

Lors de la fête de l’Épiphanie, Befana en italien, plusieurs excursionnistes, membres de l’association, ont retracé les étapes touristiques de notre passionnant périple en Sicile orientale, organisé par L’ACORFI, du 17 au 24 mai 2019. Des photos évocatrices des sites incontournables ont défilé tandis que couraient les commentaires adéquats.
 

Le temps passa vite et nous avons dû interrompre la séance qui s’est prolongée au-delà de la période impartie.

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Ainsi, je n’ai pas pu intervenir afin d’évoquer deux figures d’écrivains célèbres de l’Antiquité, nés en Sicile : EMPÉDOCLE et THÉOCRITE. Je vous les présente maintenant, comme symboles de cette île qui nous a fascinés par son histoire et sa géographie.

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Vous pouvez retrouver les diaporamas sonorisés (de notre voyage à travers la partie orientale de la Trinacria, en suivant ce lien.


 

dimanche 1 novembre 2020

site web : acorfi.asso.fr

 Notre site web évolue.

Vous avez sans doute remarqué que le site avait changé depuis le début de l'année et surtout pendant le confinement.

L'application flash-player qui nous permet d'accéder aux diaporamas va disparaître fin décembre.

Il n'était plus possible d'écouter et visualiser ces vidéos. De même certains enregistrements audios stockés à l'extérieur du site d'hébergement ont disparu. 

Il fallait remédier à cela. Nous nous y attelons.

La mise à jour du site n'est pas terminée, mais elle est en bonne voie.


Je vous propose un petit tour d'horizon sur ce qu'il était et sur ce qu'il devient :


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jeudi 8 octobre 2020

Brèves d'Italie (7)

 La battaglia della Meloria   


Torre della Meloria 
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Ce fut la plus sanglante bataille navale du Moyen Age : elle opposa la flotte de la République de Gênes et celle de la République de Pise, près de l'îlot de la Meloria, au large des côtes de Porto Pisano (Livorno).          

L'hostilité entre les deux républiques maritimes avait commencé en Terre Sainte pour le contrôle des ports de commerce.

En 1282, entre les deux flottes commence une guerre en mer Tyrrhénienne, qui dura deux ans jusqu'au 6 août 1284, jour de San Sisto, alors patron de Pise, quand Gênes défia la Cité toscane en dehors du port.

Les pisans se fiant à leur supériorité numérique  et dans la protection du Saint, sortirent en mer. Mais une autre flotte ennemie les encercle : alourdis par leurs armures, ils furent attaqués avec les arbalètes des ligures (plus légères).

Quand les génois réussirent à abattre la bannière des pisans, pour les toscans, ce fut la fin.

Pise paya un lourd tribut : cinq mille morts et douze mille déportés.

Alors commença la décadence de la Cité qui changea même de patron : de San Sisto à San Ranieri.


lundi 5 octobre 2020

Conférence Vivre dans l'infini : Biographie et savoirs chez Giordano Bruno / Nuccio Ordine

 

                                  

GIORDANO  BRUNO le Philosophe incendié

Pour donner suite à ma modeste présentation : la pluralité des mondes, Giordano Bruno, Galileo Galilei objet de notre rencontre du 10 décembre dernier, je vous propose d'écouter cette conférence essentielle donnée par le Professeur Nuccio Ordine le 9 Octobre 2014 aux journées "VIVRE L'INFINI".

Où Giordano Bruno est un philosophe aux facettes (facéties parfois) multiples et aux écritures aussi riches  qu'originales en cette Renaissance finissante (1580 à 1600)…

… où le Professeur Ordine projette sur les difficultés de notre monde contemporain la morale du philosophe sacrifié le 17 Février 1600.

--> cliquez  ici pour écouter la conférence.

Illustration : fontaine du parc de Caserte (près de Naples) présentant le mythe d'Actéon*

 * le philosophe, chasseur infatigable d'une Vérité inaccessible est, après avoir tenté de la contempler de près, comme Actéon surprenant Artémis au bain,  ébloui, transformé en cerf et finalement dévoré par ses chiens.

mercredi 30 septembre 2020

L'Italie des astronomes

 L'ITALIE DES ASTRONOMES



Une émission de France Inter sur l'astronomie italienne et son histoire, compte rendu enregistré des rencontres de Blois 2019 dont le thème était l'Italie.

Bonne écoute

Remarque : cliquez sur le titre de l'article pour accéder à la présentation de cette émission ou bien ici.

lundi 21 septembre 2020

Une plongée dans la Mafia parmesane avec Valerio Varesi


Valerio Varesi écrivain italien, auteur de polars, né à Turin en 1959, vit à Parme, sa ville d'élection. Il puise son inspiration dans cette ville, jusqu’à plonger son héros, le commissaire enquêteur, Franco SONERI, dans la substance de cette ancienne cité ducale, tel un fervent Stendhalien auquel il se réfère.

Le commissaire Soneri de la Questure est un homme vieillissant qui souffre de nostalgie. Sa ville n’est plus ce qu’elle était au point que la conscience de son évolution urbaine inspire à l’auteur des pages saisissantes au réalisme douloureux. L’écrivain communique au lecteur un certain spleen baudelairien des plus efficaces. En pleine nostalgie d’une ville qui a perdu «  son âme » il décrit Parme revêtue des habits d’une modernité néfaste, gangrenée par la Malavita omniprésente.

Valerio Varesi fait de cet enquêteur une sorte d’alter ego, comme s’il soulageait son spleen en écrivant des enquêtes policières, souvent vouées à l’échec. En effet, les coupables de meurtres liés aux fraudes impunément étalées aux yeux des autorités judiciaires, s’en sortent par tout un système de rachats illicites au prix de la drogue, source de trafics incessants. Les maffieux se glorifient de leur impunité face à des agents de police impuissants à mettre sous les verrous les délinquants notoires, meurtriers impunis qui affichent leur réussite financière avec insolence ?
 
Le commissaire Soneri dont l’énergie n’est pas contestable, sombre dans une mélancolie aussi noire qu’est blanche la cocaïne source de mille profits : du bas en haut de l’échelle des mafieux. Cette mafia est renouvelée constamment par les étrangers venus de l’est qui peu à peu investissent les pouvoirs publics. L’auteur met le doigt sur l’inefficacité des institutions légales telle la cour de justice moins efficace que celle des assassins. Tout est à l’image de la ville qui se délite moralement et se transforme sous les coups de butoir d’un monde en mutation.

J’ai lu deux de ses romans qui sont autant de méditations saisissantes sur la mort programmée de Parme, centre urbain qui fut aimable, enrichi par le talent des artistes prestigieux qui en firent un lieu de civilisation urbaine. « Or, encens et poussière » publié aux éditions Agullo, fait état du dévoilement d’une nouvelle puissance en train de grignoter les richesses de la cité aristocratique.

La réputation de cette ville tient autant à sa richesse artistique qu’à deux produits emblématiques de la gastronomie transalpine : jambon et fromages, et plats d’anolini rappellent Parme la cossue et la gourmande dont Soneri hume les odeurs revigorantes. Quant aux artistes tel Le Corrège qui décora la cathédrale, ils jalonnent le parcours de l’enquêteur qui les salue tels des familiers de son parcours citadin.

Parme orgueilleuse de son prestigieux passé vit, grouille et se transforme. Suintent les odeurs de la Malavita car Soneri dit «  l’âpre vérité » fidèle à Stendhal. Le lecteur ne peut qu’apprécier sa plume élégante et son vocabulaire foisonnant qui font de Valerio Varesi un styliste de la langue italienne. Plonger dans sa pâte romanesque, procure un plaisir quasi charnel. Il sait cartographier les mutations dues à la mondialisation des échanges commerciaux qui mènent à la confusion des valeurs et des comportements humains.

Où est le Bien, où est le Mal ? trafic mafieux, assassinats, impunité juridique ! Seule réponse au lecteur : l’objectivité de l’écrivain qui a vu sa ville se dégrader au long cours de sa vie que l’amour pour une femme vient parfois adoucir, au soulagement du liseur qui se sent pris dans l’étau écrasant de ces enquêtes « pour Rien » puisque Soneri « amant de la vérité » évite les Happy End consolateurs.

vendredi 12 juin 2020

Brèves d'Italie (6)

Vignetta  - Fragili equilibri


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Ce dessin humoristique satirique de 1821 représente un classique du triangle amoureux : femme, mari et amant, mais dans cette situation les trois sont unis indissolublement.

En 1795, Carolina de Brunswick (au centre de l'illustration) fut donnée en mariage à son cousin Giorgio (1762-1830) prince de Galles (à droite).














Le futur roi était un infidèle impénitent, mais Carolina également : il se disait qu'elle aurait eu plusieurs relations et même un fils secret, si bien qu'en 1811 quand Giorgio devint régent, il fit éloigner sa femme de la Cour.

Carolina arriva à Milan où elle connut Bartolomeo Pergami (à gauche sur l'illustration), un homme de 15 ans plus jeune.

Elle vécut avec son amant trois longues années de passion, accueillie en Italie de Cour en Cour, jusqu'à ce que l'idylle s'interrompe en janvier 1820, quand le roi Giorgio III mourut et que son fils fut appelé à lui succéder sous le nom de Giorgio IV.

À ce moment là, la princesse décida de "rentrer dans le rang" et se présenta en Angleterre comme si rien ne s'était passé, pour suivre son mari sur le trône.

Le souverain tenta alors de faire voter une loi qui annule le mariage pour cause d'adultère en privant ainsi la reine du titre, mais la loi échoua à la Chambre des Lords.

Caroline déterminée à reprendre la place qui lui revenait de droit, se présenta, arrogante, à l'Abbaye de Westminster pour le couronnement du roi, mais ordre fut donné aux gardiens de lui interdire l'entrée.

Après l'outrage subi, elle mourut dans des circonstances obscures, moins d'un mois après, le 7 août 1821 à Hammersmith (Londres).