jeudi 17 décembre 2020

CORREGGIO ou les Amours mythiques

Jupiter et Io
(Vienne)
L'ACORFI vous propose un article de Graziella BAIO LE CLAIR. Elle devait nous parler cette saison de 
Pietro Bembo,  un prince des Lettres et un grand humaniste collectionneur au cœur de la Renaissance. Le déplorable COVID-19 en a décidé autrement, laissons la parole à  notre amie vénitienne :

Voici un petit texte à ma convenance. Je l'ai traduit en français pour le partager avec vous, chers amis orléanais.

Vers 1530, le grand Antonio Allegri, plus connu sous le nom il Correggio ou Le Corrège, recevait une commande portant sur la réalisation d’une série de peintures sur le thème des Amours de Jupiter

On les considère aujourd’hui comme les plus sublimes représentations de l’art érotique du cinquecento

Un petit poème de l’époque nous en rappelle la renommée :

Pendant que Antonio Allegri quittait le monde des mortels, les Grâces affolées se pressèrent aux pieds de Jupiter, le souverain de tous les Dieux. Elles le prièrent de recevoir dans l’Olympe, un maître aussi renommé, car lui seul, pour la postérité, pouvait peindre avec splendeur, les chairs veloutées des Déesses dans leur suprême Vénusté. Et le grand Jupiter approuva

Léda et le Cygne (Berlin)

Ce texte fut composé en vers latin par le gentilhomme Fabio Segni, puis adressé à Giorgio Vasari soulignant ainsi le sommet qu’atteignit le peintre des Grâces, dans la plénitude de son art visuel, sensuel et pourtant éthéré. 

Le fait que l’auteur du petit poème fût florentin nous indique que la renommée d’Allegri avait dépassé les frontières régionales grâce à l’admirable perfection de ses œuvres.

La consécration païenne de Correggio rééquilibrait ainsi, de façon inattendue, la tonalité plus connue de son œuvre religieuse où tableaux et retables rejoignaient les ciels infinis qu’il avait prodigieusement démantelés… dans les coupoles de Parme.

Danaé (Rome)

Son œuvre, souvent imprévisible, nous surprend par l’alternance des sujets, ses contenus culturels, ainsi que par son exécution géniale. 

Rappelons qu’en 1518, encore tout jeune maître, il réalisa un ensemble décoratif important dans le logis abbatial du couvent San Paolo à Parme. 

La chambre de l'abbesse

La voûte de la Chambre de l’Abbesse, Giovanna Piacenza, fut peinte par Correggio et terminée en 1519. Divisée en 16 compartiments concaves, elle est ornée de 16 lunettes en grisaille, avec une série de personnages mythologiques. Et dans les 16 oculi, apparaissent de joyeux et malicieux putti. Il s’agit du premier décor monumental du peintre.

L'Enlèvement
de Ganymède
(Vienne)
Quelques années plus tard vers 1530 Correggio recevait de Federico Gonzaga, marquis de Mantoue et candidat au titre ducal, une commande portant sur la réalisation de la fameuse série de peintures ayant pour sujet Les Amours de Jupiter. 

Cette série apporta de la notoriété à la Cour, grâce à son caractère sensuel. 

Elle surprit l’empereur Charles Quint qui après son couronnement, au mois de février 1530, visita les Cours de ses plus fidèles alliés (en effet il séjourna un mois à Mantoue).

Alors le peintre des Grâces se mit au travail. En connaisseur amoureux du plaisir sensuel, il composa les Amours qui soulignaient son penchant culturel et littéraire afin de mettre en valeur les étreintes, leurs mouvements et les circonstances montrant les authentiques élans du cœur des amants du grand Jupiter.

Des chefs d’œuvres inoubliables, admirés encore de nos jours, sont nés ainsi.


 Graziella BAIO LE CLAIR

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