samedi 26 décembre 2020

Visite des musées des Beaux-Arts de France



Depuis mon adolescence, je me suis toujours intéressé aux arts plastiques, avec cependant une préférence marquée pour la peinture. 

J’ai toujours été étonné par la richesse et la diversité des collections publiques françaises. Quand je visitais les musées des Beaux-Arts, j’achetais les catalogues de ces musées, mais j’étais souvent frustré car des œuvres que j’avais appréciées n’étaient pas reproduites. 

Cela m’a conduit à prendre des notes qui sont devenues de plus en plus systématiques. J’entassais notes personnelles et documentations, mais en 2008 (cela fait douze ans, déjà !), j’ai souhaité les partager en les publiant dans un blog. Un ami informaticien m’a aidé dans cette démarche, et en mars 2008, j’ai publié mes premiers « billets », mes notes étaient accompagnées de photos, d’assez médiocre qualité, trouvées sur Internet. Je n’avais pas encore d’appareil photo numérique (les performances des premiers appareils étaient insatisfaisantes).

Puis j’ai commencé à quadriller la France pour visiter tous les musées des Beaux-Arts, même les plus modestes. Mon idée était aussi de ne présenter et de ne faire connaître que les collections des musées de province, les musées parisiens étant très connus.

Depuis une bonne dizaine d’années j’utilise essentiellement des photos personnelles pour illustrer mes notes. Les musées publiés sont abondamment illustrés (environ  9 000 photos) ; ils constituent une base de documentation accessible à tous. En 12 ans, j’ai visité plus de 200 musées différents (certains vus plusieurs fois..), mais le travail est loin d’être achevé… Certaines régions (est et sud-est) restent à découvrir. De plus, il est fréquent de voir que des musées ont été rénovés et mériteraient une nouvelle visite… 

Malheureusement, des ennuis de santé et deux confinements ont bouleversé mes projets de visites, mais les activités reprendront bientôt.


Parallèlement aux visites de musées, vous trouverez dans ce blog des études de tableaux, et des documents thématiques : Les arts décoratifs du premier Empire, Les Regalia et les joyaux de la Couronne de France, les liens vers les conférences que j’ai données dans le cadre de l’ACORFI, ainsi que d’autres sujets…


Bonnes visites !
 
NB - Les tableaux reproduits sont exposés au musée des Beaux-Arts d'Orléans

vendredi 25 décembre 2020

Passatempo, violon d'Ingres, hobbies, passion, passe-temps, dada…

 

Le titre de cet article est déjà tout un programme. Parmi cet étrange inventaire, le mot que je préfère est violon d'Ingres, qui nous renvoie à ce grand peintre, dont Jean-Louis nous a parlé sur ce blog le 7 mai 2020.


Le fameux violon ayant appartenu à Jean-Auguste Dominique Ingres.
Ville de Montauban - Musée Ingres Bourdelle


Dans le passé, le nom de dada était souvent employé. L’expression anglaise : a second string to one's bow (une seconde corde à son arc) est aussi très parlante. Il s’agit d'une activité à laquelle nous aimons nous consacrer en dehors de notre profession. Pour les retraités que nous sommes, en très grande majorité à l'ACORFI, cela devient l’activité principale. Les adhérents se passionnent pour l’Italie, la langue italienne, la civilisation italienne… et beaucoup d’autres choses


Alors, acorfiens, je vous invite à nous décrire sur ce blog, votre passion qui vous prend tant de temps. Cette présentation peut être écrite, orale, audiovisuelle, selon votre préférence. Si vous le souhaitez, nous vous aiderons à la réaliser et à la mettre en ligne. Toutes ces contributions seront repérables grâce au libellé Mon violon d'Ingres.



Le 4 octobre 2020, fut diffusée une émission de France Musique intitulée : Le violon d’Ingres, par Man RayElle explique comment le photographe surréaliste Man Ray a réalisé sa célèbre photographie (voir ci-contre).

(elle dure 10 minutes).

samedi 19 décembre 2020

Connaît-on bien la vie aventureuse de la "Joconde" ?

 

Tout le monde croit connaître l’histoire de la Joconde, mais c’est peut-être ce tableau qui a vécu les plus nombreux déplacements et les aventures les plus périlleuses.

La date de création du tableau fait débat, les dernières recherches laissent penser qu’il a été réalisé entre 1513 et 1516, et même 1519.

À la mort de son protecteur Julien de Médicis, en mars 1516, Léonard de Vinci répond à l'invitation du roi de France.

Le voyage de Léonard n'a jamais été consigné dans le moindre registre. Tout juste sait-on qu'il est parti de Rome après la mi-août 1516, quand les sentiers muletiers ne sont plus enneigés, et qu'il s'est arrêté plusieurs jours à Florence pour faire ses adieux aux siens. Dans ses bagages, il transporte trois tableaux importants : « La Joconde », la « Sainte Anne » et le « St Jean-Baptiste ». (tous actuellement au Louvre)

Au début de l’automne 1516, Léonard franchit les Alpes. Il a probablement emprunté la route reliant Turin au val de Suze, avant de descendre la Maurienne vers Chambéry, Lyon et Roanne. Il a dû mettre deux mois pour rallier Amboise, où l'attend le jeune roi de France. Un voyage périlleux et éreintant pour un homme de 64 ans. La Joconde a fait le voyage dans une sacoche de cuir, peut-être à dos de mulet.

En 1518, le roi acquiert La Joconde, qui entre dans les collections royales. Au château de Fontainebleau, elle est présentée dans l’appartement des bains situé sous la galerie François 1er. Ce qui n’est pas le meilleur endroit pour la conservation d’une peinture sur bois.

Louis XIV fait venir le tableau au Louvre, puis à Versailles.

En 1798, pendant la Révolution, le tableau est présenté au Louvre. Napoléon 1er le fait placer dans les appartements de Joséphine aux Tuileries.

Puis le tableau rejoint le Louvre. Le 21 août 1911, un peintre en bâtiment et vitrier d’origine italienne, Vincenzo Peruggia, vole le tableau, et tente de le vendre à un antiquaire florentin. Le tableau est restitué en 1913, après avoir fait une tournée triomphale à Florence, Rome et Milan.

En 1914, La Joconde, comme une grande partie des collections du musée, est mise en sécurité à Bordeaux puis à Toulouse. A la fin de la guerre, elle retourne au musée du Louvre ; elle est alors installée dans la Grande galerie.

En septembre 1938, à la suite de l'annexion de la région des Sudètes imposée par Adolf Hitler, et dans le contexte d'un risque de guerre, Jacques Jaujard, directeur des Musées nationaux, prend la décision de mettre La Joconde en sécurité au musée Ingres à Montauban. Quelques semaines après leur départ, les accords de Munich semblent écarter le danger, le tableau réintègre le Louvre

Entre le 27 septembre 1938 et le 17 juin 1945, La Joconde fut déplacée dix fois. Pour le voyage, elle était enfermée« dans un capitonnage en velours rouge, lui-même disposé dans un écrin de bois précieux, lequel était placé dans une caisse à double paroi en bois de peuplier. Elle était identifiée par le seul matricule «MNLP n° 0» (Musée National du Louvre Peinture). Le n° 0 accompagné de 3 points rouge, la désignait comme l’œuvre la plus importante du musée.

En 1939, lorsque la guerre semble inéluctable, les chefs-d'œuvre du musée sont évacués selon un plan conçu dès 1938 par Jacques Jaujard. L’ambition est de mettre ces œuvres hors de portée des Allemands. Les œuvres sont dispersées aux quatre coins de la France et placées dans divers endroits.

Jaujard fait fermer le musée du Louvre le 25 août 1939, et placer les œuvres dans des caisses. Le 28 août 1939, à 6 heures du matin, le déménagement de tableaux le plus important de l’Histoire commence.

En quatre mois, 5 446 caisses contenant les collections du Louvre, d’autres musées parisiens et de propriétaires privés, quittent la capitale dans 199 camions répartis en 51 convois, vers onze abbayes et châteaux de l’ouest et du centre de la France.

« La Joconde » part d'abord pour le château de Chambord, où transitèrent, à cette période, de nombreuses peintures et sculptures des musées parisiens.

Le 14 novembre 1939, la Joconde est transportée à Louvigny, près de Caen. Mais le 31 mai 1940, La Joconde est remise dans sa caisse, et quitte Louvigny le 3 juin 1940 à 5 h 15 du matin pour Chambord. Après une brève halte à Chambord les 3 et 4 juin 1940, elle prend la route de l’abbaye de Loc-Dieu dans l’Aveyron où elle séjourne tout l’été. Du 3 octobre 1940 au mois de mars 1943, Mona Lisa séjourne au musée Ingres de Montauban, puis, l’invasion allemande de la zone libre oblige ses gardiens à la remonter un peu plus au Nord, au château de Montal-en-Quercy, dans le Lot, où elle demeurera jusqu’à la fin de la guerre. Mais elle aurait aussi transité par diverses demeures anonymes du Lot et des Causses, qui auraient ainsi accueilli le tableau jusqu'en juin 1945 où il sera réinstallé au Louvre.

En 1962, elle voyage à Washington et New York. Elle est accueillie comme un chef d’État par John Fitzgerald Kennedy et son épouse. En 1974, elle est invitée à Tokyo. Au cours du voyage de retour, elle fait une halte à Moscou. Partout elle reçoit un accueil triomphal. Depuis, tout voyage lui est strictement interdit, elle doit rester confinée au Louvre.

 

jeudi 17 décembre 2020

CORREGGIO ou les Amours mythiques

Jupiter et Io
(Vienne)
L'ACORFI vous propose un article de Graziella BAIO LE CLAIR. Elle devait nous parler cette saison de 
Pietro Bembo,  un prince des Lettres et un grand humaniste collectionneur au cœur de la Renaissance. Le déplorable COVID-19 en a décidé autrement, laissons la parole à  notre amie vénitienne :

Voici un petit texte à ma convenance. Je l'ai traduit en français pour le partager avec vous, chers amis orléanais.

Vers 1530, le grand Antonio Allegri, plus connu sous le nom il Correggio ou Le Corrège, recevait une commande portant sur la réalisation d’une série de peintures sur le thème des Amours de Jupiter

On les considère aujourd’hui comme les plus sublimes représentations de l’art érotique du cinquecento

Un petit poème de l’époque nous en rappelle la renommée :

Pendant que Antonio Allegri quittait le monde des mortels, les Grâces affolées se pressèrent aux pieds de Jupiter, le souverain de tous les Dieux. Elles le prièrent de recevoir dans l’Olympe, un maître aussi renommé, car lui seul, pour la postérité, pouvait peindre avec splendeur, les chairs veloutées des Déesses dans leur suprême Vénusté. Et le grand Jupiter approuva

Léda et le Cygne (Berlin)

Ce texte fut composé en vers latin par le gentilhomme Fabio Segni, puis adressé à Giorgio Vasari soulignant ainsi le sommet qu’atteignit le peintre des Grâces, dans la plénitude de son art visuel, sensuel et pourtant éthéré. 

Le fait que l’auteur du petit poème fût florentin nous indique que la renommée d’Allegri avait dépassé les frontières régionales grâce à l’admirable perfection de ses œuvres.

La consécration païenne de Correggio rééquilibrait ainsi, de façon inattendue, la tonalité plus connue de son œuvre religieuse où tableaux et retables rejoignaient les ciels infinis qu’il avait prodigieusement démantelés… dans les coupoles de Parme.

Danaé (Rome)

Son œuvre, souvent imprévisible, nous surprend par l’alternance des sujets, ses contenus culturels, ainsi que par son exécution géniale. 

Rappelons qu’en 1518, encore tout jeune maître, il réalisa un ensemble décoratif important dans le logis abbatial du couvent San Paolo à Parme. 

La chambre de l'abbesse

La voûte de la Chambre de l’Abbesse, Giovanna Piacenza, fut peinte par Correggio et terminée en 1519. Divisée en 16 compartiments concaves, elle est ornée de 16 lunettes en grisaille, avec une série de personnages mythologiques. Et dans les 16 oculi, apparaissent de joyeux et malicieux putti. Il s’agit du premier décor monumental du peintre.

L'Enlèvement
de Ganymède
(Vienne)
Quelques années plus tard vers 1530 Correggio recevait de Federico Gonzaga, marquis de Mantoue et candidat au titre ducal, une commande portant sur la réalisation de la fameuse série de peintures ayant pour sujet Les Amours de Jupiter. 

Cette série apporta de la notoriété à la Cour, grâce à son caractère sensuel. 

Elle surprit l’empereur Charles Quint qui après son couronnement, au mois de février 1530, visita les Cours de ses plus fidèles alliés (en effet il séjourna un mois à Mantoue).

Alors le peintre des Grâces se mit au travail. En connaisseur amoureux du plaisir sensuel, il composa les Amours qui soulignaient son penchant culturel et littéraire afin de mettre en valeur les étreintes, leurs mouvements et les circonstances montrant les authentiques élans du cœur des amants du grand Jupiter.

Des chefs d’œuvres inoubliables, admirés encore de nos jours, sont nés ainsi.


 Graziella BAIO LE CLAIR