2-Le défilé triomphal des œuvres d’art
Le Directoire prit un décret pour organiser une cérémonie spectaculaire afin de faire entrer triomphalement à Paris, le 9 thermidor an VI (27 juillet 1798), toutes les caisses renfermant les manuscrits, les livres les statues et les tableaux provenant de la bibliothèque et des musées du Vatican. Ces caisses furent placées sur d'énormes chariots attelés de chevaux richement harnachés.Un étendard précédait les antiquités avec ces mots :
La Grèce les céda, Rome les a perdus
Leur sort changea deux fois, il ne changera plus.
Ce long cortège, parti du quai bordant le jardin des Plantes, accompagné pendant son long trajet par une foule qui croissait incessamment, traversa tout Paris pour défiler au Champ de Mars. L'ensemble du cortège était divisé en quatre sections.
En tête s'avançaient les caisses remplies de manuscrits et de livres ; puis celles où l'on avait rassemblé les produits minéraux les plus curieux de l'Italie. Pour compléter cette espèce de musée d'histoire naturelle ambulant, venaient, portées sur des chars, des cages de fer renfermant des lions, des tigres et des panthères, au-dessus desquelles se balançaient d'énormes branches de palmier, de caroubier et d'autres végétaux exotiques rapportés en France par les officiers de notre marine.
Venait ensuite une longue file de chariots portant les tableaux encaissés, sur lesquels on avait pris soin d'indiquer les productions les plus célèbres, telles que la « Transfiguration » de Raphaël, le « Christ » de Titien, etc.
Enfin, sur des chars plus solides, plus lourds, suivaient les statues, les groupes en marbre : l'Apollon du Belvédère, les Neuf Muses, l'Antinoüs, trois ou quatre Bacchus, le Laocoon, le Gladiateur, et ce que la statuaire antique offrait alors de plus remarquable. Ces chars avec leurs charges précieuses étaient numérotés et couverts en grande partie de branches de lauriers, de bouquets, de couronnes de fleurs et de drapeaux pris à l'ennemi.
Chacune de ces quatre divisions était précédée de détachements de cavalerie et d'infanterie avec tambours et musique en tête.
L'arrivée de tous ces chefs-d'œuvre au Louvre nécessita de réaménager la présentation des collections et d'agrandir le musée devenu trop petit. La Grande galerie est transformée. L'ancien appartement d’été d'Anne d'Autriche est modifié pour y aménager le musée des antiques. Dans son rapport aux consuls du 13 fructidor an IX (31 août 1801), le ministre de l'Intérieur Jean-Antoine Chaptal constate que « le Muséum central des arts présente en ce moment la plus riche collection de tableaux et de statues antiques qu'il y ait en Europe ».
Du fait de la nationalisation des biens du clergé et des émigrés, ainsi que des rapines des armées révolutionnaires à travers l'Europe, le gouvernement de la République est débordé par les œuvres d'art. Le musée du Louvre, de création récente, ne peut toutes les recevoir.
À la demande du Premier Consul Napoléon Bonaparte, Chaptal publie un arrêté le 31 août 1801 (13 fructidor an IX), en vue d'instituer quinze musées dans autant de grandes villes françaises.
Lyon, Marseille, Bordeaux, Nantes, Lille, Strasbourg, Nancy, Dijon, Toulouse, Caen, Rouen, Rennes, mais aussi Bruxelles, Genève et Mayence, alors villes françaises.
Chacune des villes concernées reçoit des lots importants, par exemple, en 1803, Chaptal fit envoyer 43 tableaux au musée de Toulouse.
La distribution étalée sur une dizaine d’années permit ensuite l’enrichissement des musées d’Angers, Tours, Le Mans, Montpellier, Rennes, Grenoble. (21 villes en tout). Orléans ne figure pas sur la liste, La ville de Tours lui a été préférée.
Le nombre total des œuvres distribuées se montait à 1 058.
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