Du traité de Tolentino (1797) au Congrès de Vienne (1815)
Nous allons évoquer le pillage des œuvres d’art italiennes par les troupes napoléoniennes, l’enrichissement des collections du Musée central des Arts qui prendra le nom de musée Napoléon (futur musée du Louvre), jusqu’à la chute de l’Empire en 1815. C’est au Congrès de Vienne que furent décidées des restitutions partielles.
Ce récit se fera en trois épisodes successifs dont voici le premier.
1-Le Muséum central des Arts de la République
Pendant la période révolutionnaire, il est décidé qu’un musée sera créé dans le palais du Louvre pour recevoir les œuvres saisies par les armées de la République.
Le Muséum central des Arts de la République est en effet inauguré le 10 août 1793. C’est la date de fondation de l’actuel musée du Louvre.
537 tableaux, 45 sculptures et 124 objets d’art formèrent le noyau du Muséum central. Il est avant tout conçu comme un lieu de formation pour les artistes qui seront les seuls, jusqu’en 1855, à pouvoir y entrer la semaine, le public n’y étant admis que le dimanche.
Le 7 ventôse an II (25 février 1794), le peintre et député Antoine Sergent recommande au comité d'instruction publique : « Les Romains en dépouillant la Grèce, nous ont conservé de superbes monuments : imitons-les ».
L'abbé Grégoire déclare : « Si nos armées victorieuses pénètrent en Italie, l'enlèvement de l'Apollon du Belvédère et de l'Hercule Farnèse serait la plus brillante conquête. C'est la Grèce qui a décoré Rome ; mais les chefs-d'œuvre des républiques grecques doivent-ils décorer le pays des esclaves? La République française devrait être leur dernier domicile ». Ces discours vont être mis en application.
Dès l'été 1794, les victoires des armées de la République vont lui donner l'occasion de se saisir des œuvres d'art dans les territoires occupés. En 1794 et 1795, les premiers convois contenaient des tableaux flamands prélevés en Belgique. Puis, ceux provenant d’Allemagne, d’Autriche, de Pologne.
Bonaparte signe les armistices avec le pape, à Bologne, le 8 juin 1796, puis le traité de Tolentino avec le pape, le 19 février 1797. Ces deux traités « légalisent », a posteriori, les spoliations qui ont déjà commencé ; ils prévoient dans leurs clauses le transfert à Paris des œuvres d'art les plus célèbres : tableaux de Raphaël, Mantegna, Véronèse, Titien, et les antiques du Vatican et du Capitole. Les saisies sont faites en mai à Parme, Modène et Milan ; en juin, à Crémone et Bologne, puis à Mantoue, Vérone et Venise. Elles sont opérées par la « Commission pour la recherche des objets de sciences et d’art en Italie », nommée par le Directoire, qui a été chargée de « faire passer en France tous les monuments des sciences et des arts qu'ils croiront dignes d'entrer dans nos musées et nos bibliothèques ».
Des voix s'élèvent contre ces saisies sous l'impulsion de Quatremère de Quincy (architecte, archéologue, critique d’art, homme politique) qui déclare « dépecer le muséum d'antiquités de Rome serait une folie et d'une conséquence irrémédiable », il condamnait « l'esprit de conquête » et le qualifiait d'« entièrement subversif de l'esprit de liberté ».
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire